C’est indéniable ! La prise de parole en public est un acte fort, et à ce jeu-là, il semble bien que la femme soit quelque peu en retrait. Une différence avec la gente masculine, qui trouverait ses racines dans la plus jeune enfance. A l’école, en particulier.
Ainsi, dans son article S’exprimer en public, un défi encore plus grand pour les filles, Le Monde relève qu’au cours d’une étude suisse menée en classe, en 2015, « les garçons sont intervenus 2,3 fois plus que les filles (..) étaient 2 fois plus sollicités par les professeurs (…), avaient presque 3 fois plus d’interventions orales hors sujet ».
La faute principalement à des préceptes culturels relayés par l’inconscient collectif. Et que viennent confirmer différentes spécialistes citées par Le Monde. Exclusivement des femmes, d’ailleurs ; à croire que la prise de conscience du problème n’est que féminine…
Où, en substance donc, il est observé, et toléré, que les garçons peuvent se permettre de prendre la parole en classe, y compris quand ils n’ont pas à le faire. Et que les filles sont plutôt cantonnées, au fil de leur cursus scolaire, à rester sur la réserve. « Comme les garçons parlent spontanément, ou bien moquées, elles finissent par lâcher l’affaire », explique au quotidien la chercheuse suisse Isabelle Collet.
Une expression féminine dévalorisée
Ce qui aurait alors des conséquences en termes de confiance en soi. En classe, au cours des études supérieures, comme dans le monde du travail. « A l’école comme en réunion », souligne par exemple la sociologue Marie Duru-Bellat, « les femmes ont tendance à plus se demander : ce que je pense vaut-il le coup d’être dit ? ».
Un questionnement qui fragilise, voire déstabilise, d’autant plus que la prise de parole des femmes adultes serait le plus souvent dévalorisée. Par leur public, et par elles-mêmes ! D’après l’historienne Christine Bard, citée par Le Monde, « les travaux montrent que le public écoute moins les femmes et déprécie leur voix, trop perchée et trop aiguë ».
En situation de prise de parole à forts enjeux, devant un jury par exemple, les femmes ne feraient pas preuve d’un engagement physique aussi fort que les garçons. « Il y a tout un travail de mise en scène sous-jacent auquel les jeunes femmes adhèrent moins », confie la sociologue spécialiste des concours, Annabelle Allouch.
Faut-il pour autant prendre ça comme une fatalité et se murer dans le silence ? Évidemment, la réponse est non ! Pour terminer sur une note d’optimisme et de changement, Le Monde souligne l’essor des cours et concours d’éloquence pour étudiants. Preuve s’il en est que la maîtrise de la prise de parole en public est avant tout une course fond. Qui se mène avec stratégie, persévérance et préparation. Quels que soient les obstacles à franchir.