Bien parler en public est une compétence indispensable. Il en aura fallu du temps à l’Education nationale pour en arriver à ce constat d’une banale évidence. « Apprendre à s’exprimer, argumenter (…) sont des compétences indispensables dans la vie professionnelle. » Examens, concours, entretiens d’embauche, réunions de travail, appels d’offre, séminaires, interviews dans les médias : tout au long de sa carrière, la réussite d’un individu dépendra en grande partie de son aisance à l’oral.
Or, dans cette France de tradition intellectuelle, l’écrit a toujours dominé. Les talents oratoires sont encore trop peu stimulés à l’école. Combien d’exposés un lycéen de terminale en France aura-t-il présenté durant toute sa scolarité ?
Désinhiber la prise de parole en classe
Pourtant, certaines appréhensions peuvent être vaincues dès l’âge le plus tendre…
En Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, les élèves sont encouragés à prendre la parole, à peine sortis du berceau. Dès la maternelle, les orateurs en culotte courte racontent à leur classe l’histoire d’un doudou ou les aventures d’une poupée lors de séances dites « show and tell ». Certaines initiatives ont aussi vu le jour en France, comme celle de Frédéric Lenoir et de son Parcours Sève. Dans les écoles dès le plus jeune âge se tiennent des ateliers philosophiques : y sont développées la réflexion, l’élaboration d’une pensée construite, l’écoute active, la capacité à prendre la parole, la communication non violente.
En vue de leur « Grand Oral », les lycéens de terminale bénéficieront de 12 heures d’entraînement – on n’ose dire de « coaching » ! – à la prise de parole. Au-delà, le ministre Jean-Michel Blanquer souhaite que l’expression orale soit renforcée tout au long de la scolarité. Cette ambition ne pourra se réaliser sans les enseignants. Trop souvent encore, la pédagogie en France inhibe plus qu’elle ne libère la parole. Même s’il n’est pas question de les encourager à parler à tort et à travers, les élèves doivent pouvoir s’exprimer sans crainte de se tromper.
Sans cette indispensable bienveillance des professeurs, trop de jeunes Français continueront de préférer le confort du silence à la prise de risque qui accompagne toute prise de parole en public.