Parler en public : émetteur, destinataire, message
Actrice.
Voilà ce que je vous aurais répondu, petite, si vous m’aviez demandé ce que je souhaitais faire plus tard. Monter sur scène. Etre regardée, écoutée, applaudie. Me retrouver au carrefour des attentions. Autrement dit : recevoir.
C’était se méprendre sur la nature du métier de comédienne et sur la prise de parole en public.
Les métiers de la parole sont des métiers de don. Le comédien n’est pas sur scène pour recevoir mais pour donner à son public, des émotions ou des sources de réflexion. Ce qu’il reçoit (applaudissements, félicitations, etc.) n’est que la conséquence de ce qu’il donne. De la même manière, l’orateur est là pour donner. Quoi donc ? Son message !
Parler en public, une activité de service
Revenons un instant sur le trio de base de la communication : émetteur, destinataire, message. Si tant de gens craignent de parler en public, c’est parce qu’ils sont persuadés d’être au centre de l’histoire. Comme si le destinataire venait pour juger l’émetteur… quand en réalité, il est là pour s’approprier le message.
La prise de parole en public est donc une activité de service. Tout comme l’acteur est au service de son personnage, à qui il donne son corps, sa voix et ses émotions, l’orateur est au service de son message… à qui il donne, lui aussi, son corps, sa voix et ses émotions ! Il faut donc bien distinguer le message du messager.
Pour briller, faites briller votre message
L’auditoire ne vient pas juger le messager : il vient pour le message, et à travers le message, pour lui-même. Ce qui signifie que personne n’est là pour vous jeter des tomates… Alors bien sûr, l’orateur, en prenant la responsabilité de délivrer son message, s’expose également. Mais c’est paradoxalement en s’effaçant derrière son message qu’il marque le plus les esprits. C’est en faisant briller son message qu’il brille lui-même. Lors d’une prise de parole en public, c’est en servant qu’il reçoit.
Comme l’actrice, à la fin d’un spectacle, que l’on félicite non pas tant d’être apparue en pleine lumière, mais au contraire d’avoir su disparaître, pendant 1h30, pour faire vivre un personnage, une émotion et un message.