En matière de communication le silence est largement sous-estimé ! Il est une évidence pour tout un chacun : nous avons des choses à dire et nos arguments nous apparaissent bien souvent capitaux. Notre représentation du monde doit être partagée et connue du reste de l’univers. Nous sommes importants, non ? Et la Nature ayant horreur du vide, nous comblons de nos mots le moindre espace créé dans une conversation.
Faire silence pour mettre l’égo en sourdine
Pourtant, tout ce temps que nous passons à parler, à préparer ce que nous allons dire pendant que notre interlocuteur partage encore sa pensée, c’est autant de temps passé à ne pas écouter.
Bien sûr, ce temps passé à occuper l’espace sonore semble faire de nous les maîtres de la conversation. Ce n’est pourtant que rarement le cas et à trop vouloir être au centre, nous en oublions souvent qu’il en va en prise de parole comme en musique : pourquoi prononcer tous ces mots quand il suffit de ne dire que les plus importants… ?
Parce qu’il est une certitude : moins vous parlez, plus vous disposez de temps pour le reste : être attentif à l’autre, à ses besoins, à ce qu’il vous dit de lui et de son monde, de ses craintes, de ses challenges ou de ses émotions du moment. Bref, délaisser un instant votre cadre de référence pour faire de la place au sien.
Prendre le temps de faire court…
Contrairement à la croyance la plus répandue, un bon orateur – et cela vaut aussi pour un manager- n’est pas celui qui parle le mieux, ni le plus longtemps d’ailleurs. C’est celui qui parle de la manière la plus efficace possible.
Faire silence ne signifie donc pas devenir mutique. Cela peut signifier quelques phrases de quelques mots dans le cours d’une conversation ou d’une réunion. Ce sont aussi des prises de parole préparées méticuleusement en allant à l’essentiel. Ne pas ajouter argument sur argument, ni redonner un nouvel exemple sous prétexte d’être exhaustif. Communiquer c’est choisir, et donc renoncer à tout dire.
Bien écouter pour être entendu
Lorsque nous acceptons de moins parler et donc, d’écouter plus, nous nous installons mieux dans le lien à l’autre. Dans l’écoute, nous en apprenons plus sur les gens qui nous entourent et sur leur fonctionnement, sur leur langage corporel, sur leurs désirs ou leurs attentes.
Cette capacité à faire silence, ou à parler moins, est la meilleure manière de vous assurer que votre communication est motivée par une raison. Que vous avez un objectif et que pour remplir cet objectif, il est capital, non de dire ce que vous êtes venu dire, mais de rassembler toute l’information utile sur votre interlocuteur. Une information précieuse pour savoir comment rendre votre communication pertinente, et donc efficace.
Alors seulement, se sentant compris, il sera disponible pour entendre ce que vous avez à dire et pour s’ouvrir à ce que vous attendez de lui.
Une idée que Plutarque, dès le 1er siècle, défendait déjà « Celui qui sait parler sait aussi quand il faut parler. »