Prise de parole : trouver sa « voix »

02/12/2021
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Poumons, cordes vocales, résonateurs : voici le trio qui vous permet de « donner de la voix ». Chaque être humain a une signature vocale unique qui le définit aux yeux des autres. Mais existe-t-il, en prise de parole, des voix plus convaincantes que d’autres ? Et dans ce cas, est-il possible de travailler sa voix ?

Les voix de notre enfance

Vous aussi, vous aviez peur de la reine dans Blanche-Neige ? En revanche, vous trouviez le Prince Jean dans Robin des Bois absolument ridicule ? Mais vous êtes-vous déjà demandé pourquoi ? Pourquoi Shan Yu, le méchant de Mulan, vous paraissait-il si effrayant ? A l’inverse, pourquoi Madame Mim, dans Merlin l’enchanteur, semblait-t-elle plus risible que véritablement dangereuse ?

Un indice : écoutez leur voix ! Les méchants « sérieux » de Disney ont une voix grave, chez les femmes comme chez les hommes. A l’inverse, les méchants « ridicules » ont des voix plus aigües ou des « élans » vers l’aigu. C’est par exemple le cas du Capitaine Crochet. Depuis l’enfance, donc, le grave nous fait peur ou, tout au moins, impose le respect. Quant aux héroïnes, elles se caractérisent par des voix aigües et juvéniles, symboles de leur innocence.

Voix et rôles à l’opéra

Si vous êtes friand d’opéra, vous avez sans doute remarqué que, là aussi, certains rôles sont associés à certaines voix. Chez les femmes, la « prima donna » est souvent soprano quand le second rôle est régulièrement confié à une mezzo. Le grave, chez les chanteuses d’opéra, correspond à des rôles d’ennemies, de séductrices (Carmen) ou de femmes matures et sages. Là encore, on retrouve l’association entre « voix grave » et « autorité » ou « charisme ». Même constat dans les comédies musicales !

Et chez les hommes ? L’usage des voix est le même : si les jeunes héros intrépides et amoureux sont des ténors, les barytons et les basses incarnent régulièrement des rôles de méchants, de pères, de sages ou de personnages sacrés.

Mais alors, qui est la poule, qui est l’œuf ? Les dessins animés et les opéras nous influencent-ils ? Sont-ils eux-mêmes influencés ?

Pourquoi notre cerveau préfère certaines voix

Selon Didier Grandjean, professeur en neuropsychologie et psychologie affective à l’Université de Genève, notre cerveau préfère les voix « rondes » et « claires », c’est-à-dire avec peu d’aspérités. En effet, une voix plus « claire » est plus facile à traiter pour le cerveau car son analyse demande moins d’énergie.

Une étude publiée dans la revue scientifique PLOS ONE en avril 2013 s’est quant à elle intéressée à la manière dont nous percevons la hauteur de voix. D’après les résultats, les voix les plus appréciées chez les femmes sont relativement aigües, voilées et avec un large spectre sonore. Pour les auteurs de l’étude, si ces voix sont si attirantes, c’est parce qu’elles indiquent un corps peu large et donc « conforme » aux stéréotypes physiques de la féminité. De leur côté, les hommes « attirants » auraient une voix grave, avec un faible spectre sonore, correspondant à un corps large et, donc, au stéréotype de la virilité. Cela dit, chez les hommes aussi, les voix voilées seraient plébiscitées. L’hypothèse des auteurs est la suivante : une voix voilée adoucirait « l’agressivité » associée à un corps large.

Notre voix intérieure

Le phoniatre Jean Abitbol avance une autre théorie pour expliquer pourquoi nous aimons les voix graves. Cela tient selon lui au fait que nous entendons notre propre voix de l’intérieur, où elle semble plus grave qu’elle ne l’est réellement car en relation avec les muscles et les os. Nous serions donc « habitués » aux sons graves et ce, depuis notre vie fœtale ! En effet, dans le liquide amniotique, toutes les voix humaines nous parviennent par des vibrations internes, comme la nôtre après la naissance. Les sons graves seraient donc rassurants car associés à la vie « originelle » avec la mère.

Les voix graves seraient ainsi plus enveloppantes que les voix aigües qui, elles, seraient plus dynamisantes. Ce que ne démentirait pas le monde de la musique, dans lequel les chanteuses pop possèdent une voix souvent très aigüe et les chanteuses de jazz une voix plus grave.

Mais alors, existerait-il une « voix de la réussite » ? A suivre dans notre prochain article sur ce sujet…

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Formatrice en communication orale.